Newsletter juillet 2023

Lettre d’information juillet 2023

 

Chères amies, chers amis de RivEspérance,

 
L’été est là ! Voici quelques pistes pour creuser les enjeux contemporains de la spiritualité, thème du prochain Forum RivEspérance. Notez bien, si ce n’est déjà fait, le rendez-vous que nous vous donnons les vendredi 2 et samedi 3 février 2024 à Liège, au Palais des Congrès : « Quelles spiritualités pour demain ? Sens et engagement ».
Bonnes lectures et bons ressourcements d’été, qu’ils soient spirituels, intérieurs ou extérieurs !
 
                                                                             L’Équipe porteuse de RivEspérance

FOI, RELIGION ET SPIRITUALITE

Quelques mots méritent d’être définis, car ils ont beaucoup fluctué. On connaît la double étymologie de « religion » : relier (religare) à Dieu, mais aussi aux autres ; relire (relegere) sa vie pour en découvrir le sens. Une religion est un « système » organisé. Elle est faite de rites, de dogmes, de hiérarchie et de règles morales ; elle engendre une communauté (l’Église pour les chrétiens, par exemple, ou l’Umma, pour les musulmans). Chaque système a sa logique et forme un équilibre original, mais peut toujours en arriver à tourner sur lui-même. C’est pour cela qu’il doit être sans cesse réformé (comme tout système humain d’ailleurs, le politique, la science, la famille…).

Petite histoire de la religion

Les religions sont en général nées dans le berceau de la nature. Celle-ci, sacrée, était vénérée comme une manifestation du divin, voire le divin lui-même. Sont venus les monothéismes qui ont appris à distinguer Dieu et la nature. Hélas, en Occident, cette distinction, poussée trop loin, a conduit au « désenchantement » actuel. Sans doute faut-il, en ces temps de sécularisation, remettre du sacré dans la nature, mais aussi dans l’homme, dans nos relations…

Un schéma de l’évolution des religions pourrait être le suivant : l’étape que Javier Melloni[1], dont je m’inspire ici, appelle chamanique (religiosité souvent proche de la nature) : un être charismatique lance un mouvement. Ce qui fait l’Histoire avec un grand H, en effet, pour le meilleur ou pour le pire, ce sont les leaders charismatiques. Ces êtres exceptionnels, dans les religions monothéistes, sont appelés prophètes : Moïse, Elie, Jésus, Mahomet… venus chacun à un moment favorable. Ainsi, à l’époque de Jésus, quelque chose dans la société aspirait à un monothéisme plus pur, loin de idoles et de leurs temples. La personnalité unique de Jésus a fait ce plus qui a lancé la mouvance chrétienne.

Vint alors l’étape que l’on pourrait qualifier de sacerdotale : on met tout en place pour préserver l’intuition originale et garder les « fidèles » : hiérarchie, dogme, séparation du profane et du sacré, morale, rites, liturgie… C’est sans doute cette étape-là qui prend tout doucement fin. Il faut passer maintenant à l’étape de sagesse, un art de vivre en communion avec les autres, la nature, Dieu.

À chacune de ces étapes correspond un attitude : isolationnisme, expansionnisme, réciprocité. C’est à cette dernière attitude que nous arrivons. Toutes les traditions religieuses sont invitées à faire cette mue et non pas s’additionner ni se mélanger, mais à se dépasser vers ce divin qu’elles recherchent et à s’enrichir mutuellement. L’étape sacerdotale était une étape d’opposition, où on exagérait les différences, pour conserver son identité. L’étape de sagesse devrait être celle où chacun, riche de sa tradition, accepte de se dépouiller des certitudes trop bétonnées pour entrer dans un véritable dialogue.

 

                                                                                                               Charles Delhez sj

Rendre aux hommes une signification spirituelle

Ah ! Général, il n’y a qu’un problème, un seul de par le monde. Rendre aux hommes une signification spirituelle, des inquiétudes spirituelles, faire pleuvoir sur eux quelque chose qui ressemble à un chant grégorien. On ne peut vivre de frigidaires, de politique, de bilans et de mots croisés, voyez-vous ! On ne peut plus vivre sans poésie, couleur ni amour. Rien qu’à entendre un chant villageois du 15e siècle, on mesure la pente descendue. Il ne reste rien que la voix du robot de la propagande (pardonnez-moi). Deux milliards d’hommes n’entendent plus que le robot, ne comprennent plus que le robot, se font robots.

                                                            Antoine de Saint-Exupéry , Lettre au Général X

Cette lettre de Saint-Exupéry au général X est la dernière qu’il écrivit : le lendemain, 31 juillet 1944, il est abattu au combat au -dessus de la Méditerranée.